L’ART CAPTURE DES MOMENTS DE SCIENCE (French version)
L’ART CAPTURE DES MOMENTS DE SCIENCE
Exclusive Sidetracks And Detours entretien
avec Jacques Honvault, par Norman Warwick
Beaucoup d’entre vous se souviendront d’une publicité télévisée pour les aliments Bird’s Eye qui déclarait que leurs pois congelés étaient « aussi frais que le moment où la gousse est devenue POP! » J’ai été mis à l’esprit à ce sujet par de nombreuses expositions dans une exposition de photgraphie de Jacques Honvault, un artiste Français qui enquête sur ce qui se passe réellement dans ces équivalents scientifiques du moment où la gousse a éclaté. Il capture les couleurs dans des plans animés pour nous montrer ce que les mots seuls ne pourraient peut-être pas nous dire.
Nous avons assisté à une exposition photographique, hébergée sans véritable fanfare dans une église actuellement utilisée en alternance en ces temps de covid sur la marina de Playa Blanca. Nous sommes tombés par hasard dans l’endroit sur le chemin du restaurant au coin de la rue, après avoir remarqué les lumières allumées dans l’église. Ce magnifique bâtiment nous avait réservé des surprises à de précédentes occasions. Il y a dix ou douze ans, après avoir entendu de belles voix venant de ses intérieurs, nous sommes entrés à l’intérieur pour voir une mère et deux filles répéter un concert de chant et de guitare folklorique qui s’y tiendra dans quelques jours. Je les ai interviewés pour toutes les pages d’art de The Rochdale Observer, créant pour moi-même, et j’espère pour eux, une conscience internationale.
Cette église / galerie d’art était ce soir magnifiquement éclairée contre l’obscurité à l’extérieur, (il était environ 19h30 un soir de janvier). Les supports des œuvres, et la lumière qui les baignait, étaient parfaitement réglés. Il y avait des brochures utiles et des livres à vendre, mais le lieu était désert, à l’exception d’une dame qui a attiré l’attention en entrant et nous a dit que nous étions les bienvenus. Nous sommes tombés dans la conversation et ma femme Dee et moi avons appris à notre grand regret que c’était la toute dernière heure de cette exposition, qui se déroulait, à notre insu, depuis environ un mois. Se présentant comme Christine Carayon Sabater. elle nous a dit qu’elle aussi est artiste, mais qu’elle s’occupait en fait de cette exposition pour un Français ami artiste, qui est maintenant rentré chez lui en France.
Elle était chaleureuse, amicale et informative sur les œuvres, et elle a même reporté l’heure de fermeture pour que nous puissions jeter un coup d’œil rapide, car elle parlait bien de son amie artiste, Jacues Honvault.
« Il est, nous a-t-elle dit, un grand artiste,… et très humble ».
Elle nous a laissés errer dans la pièce, mais notre errance était souvent paralysée alors que nous nous émerveillions la bouche ouverte devant des photos capturant ce moment précis où le pod est devenu POP ! Pendant ce temps, bien que nous ne le sachions pas, Christine faisait un appel interurbain à Jacques en France, lui faisant part de notre intérêt pour son travail. Elle s’est précipitée vers nous, mobile à la main, disant que Jacques aimerait nous parler. Il est rapidement apparu que nous pensions tous les deux que cette exposition serait un bon sujet d’entrevue et nous avons accepté de travailler par e-mail et Google Translate. J’ai envoyé mes questions à Franglaise et il a répondu en frenglish et cinq jours plus tard, cet article a été mis au lit, en attendant la date la plus proche disponible pour la publication. Armé d’un merveilleux livre de table basse que il a permis à Christine de nous donner comme informations de base. Je lui ai envoyé un e-mail qui présentait Jacques aux « cinq clochards du bar
Les lecteurs réguliers sauront que les cinq clochards du bar sont des messieurs. Qui, Quoi, Quand, Où et Pourquoi, tous des intervieweurs habiles à tirer des réponses perspicaces. Ils sont ainsi appelés parce qu’ils commencent tous par la lettre W et cinq fois w écrit sur une ligne tracée sur un tableau noir de classe ressemble beaucoup à une rangée de bas ! C’est un moyen très efficace de rappeler aux écoliers comment poser des questions ouvertes et de recherche. Évidemment, j’essaie toujours de suivre cet exemple.
Alors, QUI est Jacques? Est-il un scientifique, un artiste ou simplement un curieux ?
J’ai toujours aimé les sciences, mais je voulais créer plutôt que de faire de la recherche fondamentale. Alors j’ai suivi un cursus d’ingénieur. Mais à la naissance de mon premier enfant, ma femme m’a confié la tache d’acheter un appareil photo et cela était le choc : un appareil photo ne sert pas qu’à immortaliser des souvenirs familiaux, c’est aussi une machine à explorer l’invisible. Et photo après photo, j’ai mis à profit mes compétences scientifiques et techniques dans une démarche artistique. Je veux poser la question : “est ce que parfois l’incroyable peut il être vrai ?”. C’est pour cela que révèle mais techniques dans des makings of, car ce monde rempli de fake news et autres propagande nous rendent méfiant et incrédule. Bien évidement la curiosité est un ingrédient principal de mes travaux : quand je vois une bouteille intacte et que l’instant d’après il n’y a que des morceaux de verre, je sais forcement qu’il y a une belle image qui se cache dans cet intervalle de temps que notre conscience ne peut atteindre.
En étudiant l’exposition de Lanzarote, nous avons été émerveillés par le dynamisme des couleurs et, étrangement, par le calme des moments explosifs. QUELS résultats attendiez-vous lorsque vous vous êtes lancé dans ces expérimentations ?
Souvent, je ne savais pas ce qui allait ressortir sur la photo. C’est une pure recherche motivée par ma curiosité. Je dépouille mon sujet pour ne laisser que l’absolu essentiel. Et partout ou je peux faire vibrer une couleur, je m’évertue à le faire en employant colorants, réflecteurs colorés, ou gélatine de couleur devant les projecteurs. Chaque photo contient un lien métaphorique avec une réflexion philosophique. Et quelques fois, j’ai envie de traduire une réflexion par une image et je me mets en quête d’un sujet scientifique qui porterait ma réflexion. Le résultat attendu est alors une similitude formelle de phénomène capté. Car notre imaginaire est souvent limité par les courants de pensées et autres paradigmes.Utiliser l’imagination formelle permet de s’en affranchir.
QUAND vous avez vu les résultats finaux de votre travail dans chaque cas, quelles sont vos émotions immédiates?
Ébahissement, stupéfaction, soulagement, joie, incompréhension ! Par exemple, J’ai mis prêt de 8 mois pour élaborer la bonne approche pour faire « Ma cicatrice » ce fut un grand soulagement. Lors des premières photos « de niveaux de réalités », j’ai été stupéfait de la vitesse à laquelle le ballon se déchire et de la forme résultante. Pour rappel, je travaille en open flash, ce qui veut dire que je fais mes expériences dans le noir et que je vois le résultat après. Et pour finir, parlons de « célébration », cette bouteille de champagne qui s’ouvre et où on peut distinguer un nuage bleuté au milieu du nuage blanc. Cette incompréhension a mis 2 ans à s’estomper. J’ai collaboré avec le CNRS pour rn avoir l’explication : le changement rapide de pression au niveau du goulot génère un froid si intense pendant quelques millièmes de seconde que des cristaux bleus se forment. J’ai donc été publié dans une revue scientifique à comité de relecture pour ma découverte. Quelque fois, l’art fait avancer la science !
Où ce mélange de poésie, de photographie, d’art et de science pourrait-il mener ? Voyez-vous son intégration dans nos systèmes d’éducation comme un processus d’apprentissage utile, par exemple?
Absolument, tous les ans, je réalise des ateliers avec des écoles. Je leur montre à quel point nos sens nous rendent témoins partiel de la réalité. Certains animaux ont une vision en noir et blanc, d’autres aveugles, d’autres perçoivent les infrarouges. Pourtant ils connaissent tous le monde à leur manière. Mais ils n’en connaissent qu’une maigre partie. J’essaie de faire comprendre qu’il en est de même pour nous les humains. Et que si la science est un outil puissant, elle est totalement incapable de décrire l’ensemble du monde. La raison ne suffit pas, il faut le regarder aussi avec nos sens et notre âme.
POURQUOI les arts et les sciences sont-ils traités non seulement comme des entités séparées, mais aussi disparates, et votre approche pourrait-elle changer la pensée globale?
Les sciences cherchent à résoudre notre peur de l’inconnu, à réduire les hypothèses que nous nous faisons sur le monde. l’art est une discipline ou tout est possible ! Notre seul frein est notre imaginaire mais en soit l’art est infini là où la science est finie. J’essaye pour ma part de faire des photos de phénomènes de sciences qui amène à ouvrir l’imaginaire. Que s’il existe autant de choses inconnues justes à coté de nous, alors le monde est décidément bien plus vaste que nous le croyons.
Nous comprenons que cette exposition de Lanzarote, si bien accueillie par Christine, qui nous a enthousiasmés par l’œuvre, était en quelque sorte une rétrospective de votre art antérieur. Voulez-vous nous dire ce que vous avez fait depuis, et quel est votre travail et votre méthodologie actuels?
Mon œuvre a provoqué un changement profond en moins. Je suis passé de scientiste à croyant en un monde métaphysique. Je ne connais que très peu de ce monde mais assez pour avoir l’absolu certitude de son existence. Je n’ai plus besoin de photographié le monde qui m’entoure car depuis lors, ma curiosité s’est porté sur notre monde intérieur.
Pour la bio : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Honvault
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